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Drapeaux métissés.
Rencontres de tissus.
Destins croisés.
Dentelles et batiks.
Afrique, Asie, Amérique. Orients. Ici

Coquillages et barbelés.
Des pièces de vêtements pour faire une voile.
Des enjôliveurs en nouveaux fétiches.
Les œuvres de Christine Isperian.

Couleurs qui claquent,
Étoffes qui se frottent,
Perles et paillettes,
barrières et fer,
Oser. Créer.
Dire le monde.
Le sien, le leur, le nôtre.
En migration. En création.

Christine Isperian aime les ailleurs, rencontre celles et ceux qui en viennent. De parents français et suisses, d’origine arménienne, elle porte en elle le souvenir de l’exil. Elle a grandi entre Orient et Occident. De la cuisine familiale aux tapis, qui sont bien plus que ça, de la musique au cinéma. Là-bas, ici. Avant, aujourd’hui. Elle a reçu la culture plurielle en héritage. En a fait très vite une mosaïque personnelle. Avant ses premières créations, à la sortie de l’enfance, avec des bris d’assiettes et de miroirs.

L’artiste choisit, compose, assemble. Elle ne craint pas les migrant.e.s.
Elle s’inspire de leur destinée et de leurs traditions populaires, exprimées par les tissus, les objets quotidiens et sacrés. Pour les saluer. Et révéler l’évidence de la rencontre. La beauté, oui, même dans l’errance. Au-delà. Et l’espoir qui surgit, entre les destins pluriels.

Un carré rouge, une croix blanche. Le drapeau suisse.
Assemblage de djellabah, soies indiennes, batiks asiatiques et africains, lampas chinois, pour le carré rouge.
Des broderies pakistanaises et de la dentelle de St-Gall, pour le carré blanc.
Le drapeau suisse. Autrement.
Celui d’aujourd’hui, avec les femmes et les hommes qui le composent.
Celui de Christine Isperian.

Engagée, femme de conviction et de passion, l’artiste rencontre les migrant.e.s. Pour les soutenir ou créer ensemble. Comme cette fresque géante, cette bâche de plastique recyclé sur laquelle sont fixés 70 000 bouchons de PET. Créer des M colorés, des M pour dire le monde, la migration, le métissage.

Créer et lutter. Résister. Rassembler des pièces d’étoffes sombres, pour dire la mort des mineurs sud-africains. Et des bouts de jeans, pour composer une carte du monde et révèler l’omniprésence américaine. Construire et exposer des barrières en fil de fer barbelé rasoirs. Des barbelés hérissés et tranchants, déchirants, repoussants. Avec ces barrières composer le mot Europe. Pour que la réalité des marges du continents prenne corps ici aussi.

Avec un bateau ou une voile, en guipures, wax, pièces de vêtements, étoffes, précieuses ou rudes, dire le voyage. Ces migrant.e.s qui partent en mer, sur toutes les mers du globe, avec leur humanité et leur culture pour seul bagage.

Avec les drapeaux, suisses ou français, recomposés, saluer leur arrivée. Et avec des parodies d’étendards, étoile ou croissant de lune, recomposés par bribes de tissus du monde entier, affirmer que tout est encore possible.
Vivre ensemble.
Tels ces bols d’un peu partout qui se côtoient sur un plateau de bois.
Christine Ispérian a nommé sa table, accrochée à la verticale, Convives.

Sonia Zoran


 
Numeri.ch Web Designer